Le 5 février 2005 restera gravé dans les annales comme le jour où le monde apprit la disparition soudaine du général Gnassingbé Eyadéma, l’un des doyens des chefs d’État africains de l’époque.
Gnassingbé Eyadéma, tel un baobab vénérable, semblait indestructible malgré les épreuves du temps. Cependant, le destin en a décidé autrement. Lorsque les rumeurs annonçaient déjà sa mort le 10 septembre 2003, suite à un malaise cardiaque, il s’était relevé avec une satisfaction teintée d’ironie, reprenant ses activités avec une énergie en déclin.
Les signes de son déclin étaient d’ores et déjà visibles. Sa santé fragile et le décès de son frère aîné Kabissa Gnassingbé le 3 janvier 2005,auquel il était attaché, lui ont porté coup, en le fragilisant davantage.
Le 15 et 16 janvier, le général est admis à l’hôpital de Zurich, en Suisse, pour un bilan de santé. Malgré des résultats inquiétants, cela ne l’empêche pas de participer au sommet d’Abuja quinze jours plus tard. Serait-ce le sommet de trop ?
Le mardi 1er février, l’ambassadeur de France au Togo, Alain Holleville, et un émissaire spécial d’Abdoulaye Wade, le conseiller spécial Falilou Diallo, sont les derniers hôtes étrangers à le rencontrer. Terriblement affaibli, le président quitte Lomé 2 pour se rendre à sa résidence au Camp du RIT, non loin de là.
Eyadéma a continué à exercer ses fonctions, jusqu’à cette ultime tentative de voyage médical vers Tel-Aviv, en Israël. Ce voyage dramatique s’est transformé en une course contre la montre pour sauver la vie du président, mais le refus de la Libye d’ouvrir son espace aérien a ajouté un obstacle fatal. Finalement, Eyadéma a succombé à une crise cardiaque en plein vol, et l’avion présidentiel a dû faire demi-tour vers le Togo, après une courte escale en Tunisie.
À son retour, le pays plonge dans la confusion. Les frontières sont fermées, les vols détournés, et le Premier ministre Koffi SAMA déclare une « catastrophe nationale ». Faure Gnassingbé, le fils du président défunt, est rapidement adoubé par l’armée comme successeur, malgré les protestations de l’opposition et les appels à une transition démocratique.
Dans la foulée de la précipitation, la passation de pouvoir s’est déroulée avec des modifications constitutionnelles expressément taillées pour légitimer la succession de Faure. Les critiques fusent de toutes parts, accusant le Togo de perpétuer une « dictature héréditaire ». Cependant, Faure Gnassingbé s’efforce de consolider son autorité et de rassurer la communauté internationale.
Malgré les marques d’amitié de certains dirigeants, comme Mohammed VI ou Blaise Compaoré, la défiance règne parmi les voisins africains et au sein de l’Union Africaine. L’avenir du Togo semble alors incertain, entre pressions internationales et aspirations démocratiques internes.
Notons que cette mort d’Eyadéma a soulevé des questions chez d’autres chefs d’État africains, confrontés à la perspective de leur propre succession et à la fragilité du pouvoir.