L’édition 2025 de l’Africa CEO Forum s’est ouverte à Abidjan dans un climat mondial marqué par une recomposition des équilibres économiques et des pressions croissantes sur les économies africaines. Pendant deux jours, la capitale ivoirienne accueille plus de deux mille participants, dont des chefs d’État, des dirigeants d’entreprises, des investisseurs et des décideurs politiques, unis par une volonté commune : accélérer la transformation économique de l’Afrique par des actions concrètes et coordonnées.
L’événement s’est lancé par une table ronde présidentielle réunissant les présidents de Côte d’Ivoire, d’Afrique du Sud, du Sénégal, du Ghana, du Rwanda et de Mauritanie. Tous ont appelé à un nouveau pacte stratégique entre le secteur public et le secteur privé, afin de créer les conditions d’une industrialisation continentale durable, fondée sur la structuration des chaînes de valeur locales et le renforcement de la souveraineté économique. Les chefs d’État ont convergé vers une même vision : l’Afrique ne pourra s’élever sans une intégration économique réelle, soutenue par la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine, le soutien massif aux entreprises locales, et le développement de partenariats dans des secteurs clés comme l’énergie, la santé, le numérique ou encore les infrastructures.
Dans son discours, le président ivoirien Alassane Ouattara a mis en exergue l’urgence de transformer les ressources naturelles localement et de bâtir un environnement plus favorable aux investissements. Il a insisté sur le rôle central que doit jouer le secteur privé africain dans cette nouvelle dynamique, estimant que l’industrialisation ne saurait aboutir sans la pleine implication des acteurs économiques locaux. Selon lui, dans un monde traversé par des mutations géopolitiques, économiques et financières profondes, la stabilité macroéconomique et les investissements privés restent des leviers incontournables pour garantir une croissance soutenue. Il a également appelé à une intensification des efforts en faveur du commerce intra-africain, à travers une meilleure transformation des matières premières sur place et une accélération de la ZLECAf.
La Société financière internationale, bras privé de la Banque mondiale, a profité du forum pour dévoiler sa feuille de route à l’horizon 2030. Son directeur général Makhtar Diop a présenté des mécanismes de financement adaptés aux réalités africaines, avec pour objectif de renforcer le capital des entreprises, soutenir la croissance des PME et multiplier les partenariats avec les investisseurs africains. Il a annoncé de nouvelles initiatives dans les domaines de l’agriculture et de la santé, visant à améliorer la sécurité alimentaire et sanitaire, tout en consolidant les systèmes économiques nationaux. M. Diop a également affirmé l’engagement de l’IFC en faveur de l’intelligence artificielle, soulignant la nécessité pour le continent de ne pas rater ce tournant majeur de l’économie mondiale. Il a notamment évoqué les suites à donner au dernier sommet africain sur l’IA, afin d’assurer une intégration proactive de l’Afrique dans cette révolution technologique.
Au rang des projets structurants annoncés figure l’ambitieuse initiative L300, destinée à connecter 300 millions d’Africains à l’électricité. Ce programme emblématique s’inscrit dans une logique de développement inclusif, tout comme le lancement du réseau panafricain des agences de promotion de l’investissement, piloté depuis Abidjan. Ce réseau vise à mieux coordonner les efforts nationaux pour attirer davantage de capitaux privés et accroître la visibilité des opportunités africaines sur la scène économique mondiale.
Au-delà des discours, cette édition du forum traduit une volonté affirmée de rompre avec les approches fragmentées du passé. Une nouvelle génération de décideurs semble prête à redéfinir les règles du jeu, portée par une ambition partagée : faire de l’Afrique un moteur de croissance autonome, résilient et ouvert sur le monde.


