Le Parlement ghanéen a validé, dans la soirée de jeudi, un budget provisoire de 68,1 milliards de cedis ghanéens (4,65 milliards de dollars), permettant au gouvernement de maintenir ses dépenses jusqu’en mars prochain. Cette décision cruciale évite de justesse une paralysie inédite des activités gouvernementales, à un moment charnière pour le pays.
Le président du Parlement, Alban Bagbin, a annoncé l’adoption du budget lors d’une session prolongée, marquée par des débats houleux entre les membres des deux principaux partis politiques, le Nouveau Parti Patriotique (NPP) et le Congrès National Démocratique (NDC). Cette situation intervient dans un climat de transition politique, avec la prise de fonctions imminente du président élu John Dramani Mahama, prévu pour la semaine prochaine. Ancien président de 2012 à 2016, Mahama fait un retour sur la scène politique après avoir remporté les élections du 7 décembre.
En temps normal, un budget provisoire est adopté en novembre lors des années électorales pour assurer la continuité des dépenses publiques jusqu’à l’investiture du nouveau président. Cependant, cette fois-ci, la présentation du budget a été retardée en raison d’un blocage parlementaire concernant la majorité des sièges détenue par le parti sortant (NPP) ou le parti entrant (NDC). Malgré les tensions, le ministre des Finances, Mohammed Amin Adam, a assuré que cette adoption tardive n’aurait pas d’impact majeur sur les activités gouvernementales en cours.
Selon le document budgétaire, environ un tiers des fonds approuvés sera alloué aux paiements des fournisseurs du secteur énergétique. Cette décision est stratégique pour un pays confronté à des problèmes croissants dans ce domaine, où les arriérés de paiement dépassent 2,5 milliards de dollars. Le président élu Mahama avait récemment averti que le Ghana faisait face à une situation critique dans le secteur de l’énergie, ajoutant que l’approvisionnement en électricité demeurait instable.
En parallèle, le président sortant Nana Akufo-Addo doit prononcer son dernier discours sur l’état de la nation ce vendredi, après huit années à la tête du Ghana. Ce moment marquera la fin de son mandat, au cours duquel il a dirigé un pays en proie à des défis économiques et sociaux considérables.
Le retour de John Dramani Mahama au pouvoir s’inscrit dans un contexte complexe, avec une économie encore fragile après l’une des pires crises que le Ghana ait traversées en une génération. Le budget provisoire adopté constitue une étape cruciale pour assurer la continuité des réformes et éviter un blocage institutionnel susceptible d’aggraver les tensions économiques. L’attention se tourne désormais vers les premières décisions que prendra Mahama pour affronter ces défis et relancer durablement l’économie ghanéenne.