Le Sénégal semble s’orienter vers une nette victoire du parti Pastef du président Bassirou Diomaye Faye lors des élections législatives organisées dimanche. Alors que le dépouillement se poursuit, deux figures majeures de l’opposition ont déjà concédé leur défaite, renforçant les espoirs de la majorité présidentielle d’obtenir un mandat clair pour mettre en œuvre ses réformes.
La campagne électorale, sécouée par des affrontements verbaux et parfois violents, avait ravivé les craintes de troubles politiques dans un pays qui reste une référence en matière de démocratie en Afrique de l’Ouest. Le président Faye, qui cherche à consolider son pouvoir législatif après avoir dissous l’Assemblée nationale en septembre dernier, a appelé les électeurs à faire preuve de calme et à accepter les résultats des urnes. Les premiers décomptes des voix indiquant une avance significative pour le Pastef, selon une source au ministère de l’Intérieur. Barthélemy Dias, maire de Dakar et leader de l’une des principales coalitions de l’opposition, ainsi que Bougane Gueye Dany, chef du parti Gueum Sa Bopp Les Jambars, ont tous deux reconnu la victoire de Faye. « Je voudrais féliciter Pastef, le vainqueur des élections« , a déclaré Dias.
Cependant, la coalition formée par l’ancien président Macky Sall et d’autres partis d’opposition n’a pas encore réagi aux résultats préliminaires, laissant planer une incertitude quant à leur position. Cette alliance inattendue constituait la principale menace pour le Pastef dans ces élections où plus de 7 millions d’électeurs étaient appelés à élire les 165 députés de l’Assemblée nationale. Les priorités des électeurs sénégalais se sont concentrées sur l’emploi, l’économie et l’amélioration des conditions de vie dans un contexte marqué par une inflation galopante et un chômage élevé parmi une jeunesse en forte croissance démographique. Ces préoccupations avaient été au cœur de la campagne de Faye, qui avait promis de lutter contre la corruption et de relancer l’économie du pays.
Depuis son arrivée au pouvoir en avril dernier, Faye a dû faire face à des défis économiques majeurs. Un audit gouvernemental réalisé en septembre a révélé des niveaux de dette et de déficit budgétaire bien importants plus que ceux annoncés par l’administration précédente, plongeant le pays dans une crise budgétaire. Cette situation a entraîné la suspension d’un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars convenu avec le Fonds monétaire international en 2023.
En dissolvant l’Assemblée nationale il y a deux mois, Faye espérait obtenir un mandat clair pour contourner les blocages législatifs qui, selon lui, entraînaient la mise en œuvre de ses réformes. Sa stratégie semble avoir porté ses fruits, avec des résultats préliminaires qui confirment une mobilisation en sa faveur.
L’ examen de dimanche s’est également déroulé dans un climat chargé, en raison d’une réforme constitutionnelle proposée par le président. Cette nouvelle constitution introduisait une limite de deux mandats présidentiels de sept ans chacun, une mesure qui pourrait renforcer la stabilité démocratique du pays. Si les résultats définitifs confirment la victoire du Pastef, cela pourrait offrir au président Faye les moyens politiques nécessaires pour tenir ses engagements. Cependant, les défis économiques structurels, la méfiance d’un parti de l’opposition, et l’impatience croissante de la population face à la lenteur des réformes restent des obstacles importants.
Avec l’annonce imminente des résultats officiels, tous les regards sont désormais tournés vers le ministère de l’Intérieur, chargé de publier les chiffres définitifs. Le président Faye a déjà appelé les citoyens à maintenir la paix et à respecter la volonté populaire exprimée dans les urnes.