Le Soudan du Sud est sous la menace d’un report ou d’une annulation de ses élections nationales, prévues en décembre, qui doivent mettre fin au gouvernement de transition issu de l’accord de paix de 2018. Un haut responsable du Département d’Etat américain a déclaré vendredi à Reuters que le processus électoral était compromis par le retard des préparatifs et le risque de violences. Il a averti que les Etats-Unis envisageraient des sanctions et une révision de leur coopération avec le pays si les élections n’avaient pas lieu dans les délais et dans le respect des normes démocratiques.
Le Soudan du Sud, le plus jeune pays du monde, est sorti d’une guerre civile meurtrière en 2018, qui a opposé le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Les deux hommes dirigent actuellement un gouvernement de transition, qui devait organiser des élections en février 2022. Mais en janvier, Kiir a annoncé que le scrutin serait reporté de 10 mois, invoquant des problèmes techniques et juridiques.
Cette décision a suscité la colère de l’opposition et de la communauté internationale, qui y voient une tentative de Kiir de se maintenir au pouvoir et de marginaliser ses rivaux. Le Conseil constitutionnel, qui doit valider la liste des candidats et la date du scrutin, est accusé de manquer d’indépendance et de transparence.
Le responsable américain, qui a requis l’anonymat, a estimé que les chances que les élections se tiennent en décembre étaient de 50/50. Il a souligné que le gouvernement de transition devait accélérer la mise en oeuvre de l’accord de paix, notamment le désarmement et la réintégration des combattants, la formation d’une armée nationale, la délimitation des frontières et la réforme du secteur de la sécurité.
Il a également indiqué que les Etats-Unis, qui sont le principal bailleur de fonds du Soudan du Sud, n’hésiteraient pas à prendre des mesures punitives ou dissuasives si le processus électoral était entravé ou entaché de violences. “Nous examinerons toute la gamme d’options, y compris les sanctions”, a-t-il dit. Il a ajouté que les Etats-Unis pourraient aussi revoir leur aide au développement et leur engagement diplomatique avec le pays.
Le secrétaire adjoint adjoint pour l’Afrique de l’Est, le Soudan et le Soudan du Sud, Peter Lord, s’est rendu la semaine dernière à Juba, la capitale du Soudan du Sud, pour faire passer ce message aux dirigeants du pays. Il les a exhortés à respecter le calendrier électoral et à garantir des élections libres, équitables et pacifiques. Il a également appelé à la libération des prisonniers politiques et au respect des droits humains.
Le Soudan du Sud est confronté à de nombreux défis, notamment la pauvreté, la famine, la corruption et l’insécurité. Le pays compte environ 12 millions d’habitants, dont plus de 4 millions sont déplacés à l’intérieur du pays ou réfugiés dans les pays voisins. Les élections de décembre sont considérées comme une étape cruciale pour la consolidation de la paix et la stabilité du pays.