Le Togo est engagé dans une transition démographique notable, caractérisée par un recul continu du nombre d’enfants par femme. Cependant, l’analyse de cette tendance révèle une réalité sociale et économique plus complexe, éloignée de la simple réussite des politiques de planification familiale.
L’Indice synthétique de fécondité (ISF), qui mesure le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer (15 à 49 ans), a considérablement diminué au cours des dernières décennies. Après être passé de 6,2 enfants par femme en 1988 à 4,8 en 2013, l’ISF est désormais estimé à 4,3 selon les résultats du cinquième Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2022).
Ces données, mises en lumière par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) dans son dernier Rapport sur l’État de la population mondiale 2025, confirment que le pays est bien entré dans une phase naturelle de mutation. Le rapport, intitulé « La véritable crise de la fécondité : la quête du libre arbitre en matière de procréation dans un monde en mutation », souligne que l’évolution démographique est irréversible.
Contrairement à une idée reçue, cette baisse n’est pas uniquement le fruit des efforts en matière de santé reproductive. Le rapport de l’UNFPA met l’accent sur la notion de « crise du libre arbitre procréatif » : de nombreux citoyens ne parviennent pas à avoir le nombre d’enfants qu’ils désirent réellement.
Les principales raisons sont d’ordre socio-économique. Comme l’a expliqué M. Kanazogo Mensah, chargé de programme Population et développement à l’UNFPA-Togo, les Togolais sont confrontés à de multiples obstacles pour fonder une famille. Parmi eux, les difficultés financières, le chômage, l’insécurité de l’emploi ou encore le manque de logement sont cités comme des freins majeurs à la parentalité.
Malgré la tendance à la baisse de la fécondité, les défis liés à la santé sexuelle et reproductive demeurent importants. Les données révèlent qu’environ 34% des femmes ont encore des besoins non satisfaits en matière de contraception moderne.
De plus, l’utilisation effective de méthodes modernes de régulation des naissances se limite à seulement 24% des femmes, selon les chiffres disponibles. Cela signifie qu’une large part des naissances non souhaitées pourrait être évitée si l’accès aux services de santé était pleinement garanti.
Pour répondre à cette crise du libre arbitre, l’UNFPA recommande une approche globale axée sur l’accompagnement des jeunes dans leur projet de vie. Il ne suffit pas de proposer des services de planification familiale, il faut s’attaquer aux causes profondes.
L’agence onusienne insiste sur la nécessité de garantir des emplois décents, des revenus stables et un logement accessible pour les jeunes Togolais.
En parallèle, l’accès à des informations fiables et à des services de santé sexuelle et reproductive adaptés est jugé essentiel pour leur permettre de faire des choix éclairés et d’exercer pleinement leurs droits en matière de reproduction.
Vanessa DEKADJE/TogoRegard


