Le 3 mai 2025 marque un moment charnière de l’histoire politique togolaise. Sous les dorures sobres de la Cour constitutionnelle, Faure Gnassingbé a prêté serment, non plus comme président de la République, mais comme Président du Conseil. Un passage de relais symbolique qui ne signe pas un départ, mais une reconfiguration subtile du pouvoir.
À première vue, la fonction présidentielle semble reléguée à un rôle honorifique. Mais dans cette nouvelle Cinquième République, née d’une révision constitutionnelle en 2024, les contours du pouvoir se redessinent. Le régime parlementaire s’installe, laissant la place à un nouvel équilibre où le chef du parti majoritaire devient l’architecte de la gouvernance.
Investi chef suprême des armées et Président du Conseil, Faure Gnassingbé, fort de l’assise de son parti UNIR à l’Assemblée nationale, s’impose au cœur du système, conservant les rênes d’un exécutif repensé. Cette configuration, inédite, brouille la ligne entre continuité et rupture. L’apparente césure cache mal une redistribution maîtrisée des cartes institutionnelles.
La veille, le gouvernement avait discrètement rendu sa démission. Un geste plus symbolique qu’inattendu, prélude à cette nouvelle scène politique qui, sans vacarme, réaffirme une centralité inchangée. L’assistance, marquée par la présence de figures régionales telles que Mahamadou Issoufou, ancien président du Niger, a salué un tournant aux allures de confirmation.
Dans les rues, peu d’agitation. Mais dans les cercles du pouvoir, l’instant fait date : il traduit la capacité d’un système à se réinventer sans se renier, et à faire du changement un prolongement plutôt qu’une rupture.