En République démocratique du Congo (RDC), le climat politique se tend davantage. Plusieurs hauts responsables du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique de l’ancien président Joseph Kabila, ont été convoqués ce lundi par la justice militaire. Un développement qui intervient dans un contexte explosif, marqué par l’offensive du M23 dans l’est du pays et les accusations portées par le président Félix Tshisekedi contre son prédécesseur.
Si les motifs précis de ces convocations n’ont pas été officiellement détaillés, elles surviennent après des déclarations du chef de l’État congolais suggérant un lien entre Joseph Kabila et les rebelles du M23, qui ont récemment pris le contrôle de plusieurs localités stratégiques. Ces accusations, vivement rejetées par le camp de l’ancien président, coïncident avec des mouvements en coulisses : Kabila aurait récemment multiplié les rencontres avec des figures de l’opposition et de la société civile, nourrissant des spéculations sur ses intentions politiques.
Parmi les personnalités appelées à se présenter devant le parquet militaire figurent Aubin Minaku, ancien président de l’Assemblée nationale et vice-président du PPRD, ainsi qu’Emmanuel Ramazani Shadary, ex-ministre de l’Intérieur et candidat à la présidentielle de 2018. Leur avocat, Jean Mbuyu, également ancien conseiller de Kabila, a confirmé les convocations, précisant qu’une dizaine de cadres du parti avaient reçu des lettres d’invitation.
« Nous répondons à cette convocation en toute responsabilité, bien que les raisons ne nous aient pas été précisées », a déclaré Aubin Minaku, réfutant toute implication du PPRD dans des activités rebelles. « Nous avons toujours dénoncé toute présence illicite de forces étrangères sur notre territoire », a-t-il insisté, prenant ses distances avec les accusations portées par le pouvoir en place.
Cette nouvelle secousse judiciaire intervient alors que le conflit avec le M23 prend une ampleur alarmante. Depuis janvier, les rebelles, soupçonnés d’être soutenus par le Rwanda – un soutien que Kigali dément –, ont réalisé une avancée fulgurante, mettant en échec les forces congolaises et créant un vide sécuritaire préoccupant. La situation attise les tensions diplomatiques et divise les acteurs politiques nationaux, entre dénonciations d’une ingérence étrangère et critiques de la gestion du conflit par le gouvernement Tshisekedi.
Dans ce contexte, la convocation des proches de Kabila s’apparente à un nouvel épisode dans la lutte de pouvoir qui se joue en RDC. Alors que les autorités cherchent à démontrer leur fermeté face à la menace sécuritaire, cette offensive judiciaire risque d’exacerber les clivages et d’alimenter les tensions politiques à l’approche des prochaines échéances électorales.