À la veille du conclave très attendu de 2025, les cardinaux catholiques n’ont toujours pas arrêté leur choix sur celui qui succédera au pape François. Entre interrogations profondes et discours décisifs, l’Église catholique entre dans l’un de ses moments les plus solennels, entourée d’un voile d’incertitude.
Depuis quelques jours, les 133 cardinaux électeurs se retrouvent régulièrement au Vatican pour une série de réunions appelées congrégations générales, où les grandes questions de l’Église universelle sont débattues. Ces échanges, parfois animés, permettent à chacun de confronter ses convictions à la réalité du monde catholique, fort de ses 1,4 milliard de fidèles.
Parmi les noms qui circulent discrètement, ceux du cardinal italien Pietro Parolin, actuel secrétaire d’État, et du cardinal philippin Luis Antonio Tagle reviennent avec insistance. Mais rien n’est joué. Même les plus expérimentés s’accordent à dire que l’issue reste imprévisible. « Ma liste évolue, et je pense qu’elle continuera d’évoluer au cours des prochains jours », confie le cardinal britannique Vincent Nichols, qui participe à son tout premier conclave.
Les discours prononcés cette semaine par certains cardinaux pourraient influencer le choix final. En 2013, c’est un tel discours de Jorge Mario Bergoglio – devenu ensuite le pape François – qui avait marqué les esprits. Aujourd’hui encore, ces interventions sont scrutées avec attention. « Il y aura des moments où, comme une pierre jetée dans un étang, les ondulations se propageront », décrit poétiquement le cardinal Nichols.
Dans ce huis clos spirituel, chaque mot compte. Le cardinal William Goh Seng Chye de Singapour admet lui aussi son incertitude : « Cela peut paraître étrange, mais nous ne le savons vraiment pas. Le jeu continue. »
Une tradition sacrée sous le signe du secret
Le conclave débutera officiellement mercredi matin par une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre. Dans l’après-midi, les cardinaux se rendront en procession à la chapelle Sixtine, où ils prêteront serment avant de débuter le vote.
Le processus est strict : une majorité des deux tiers est requise pour élire le nouveau souverain pontife. Si aucun nom ne sort des urnes après trois jours, une pause de prière d’une journée est imposée avant de poursuivre les scrutins.
Comme le veut la tradition, le monde entier n’aura qu’un seul signe pour suivre les événements : la fumée qui s’élèvera de la cheminée de la chapelle Sixtine. Noire, elle indiquera un vote infructueux ; blanche, elle annoncera au monde qu’un nouveau pape a été élu.
Le cardinal italien Fernando Filoni, habitué de l’exercice, s’attend à ce que les premiers votes servent d’échauffement. « Les deux premiers votes sont d’orientation, puis on commence à faire le point », explique-t-il. Mais l’essentiel pourrait bien se jouer hors des bulletins : « Après le vote, on mange ensemble, on vit ensemble et on compare nos notes », glisse-t-il, soulignant l’importance des échanges informels à la maison d’hôtes Santa Marta.
Alors que les regards se tournent vers Rome, un seul mot d’ordre domine : prudence. L’histoire de l’Église nous a appris que les conclaves réservent parfois des surprises. Et cette fois encore, l’inattendu n’est pas à exclure.